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Photo du rédacteurAurélienV

Living Forest : Pourquoi est-il si marquant ?

Face aux convoitises naissantes, aux interrogations éventuelles et quelques craintes perceptibles, nous vous proposons d'analyser le cœur de l'expérience proposée par Living Forest. Quelle promesse ludique ? Comment s'y projeter ? Quel équilibre y trouver ? Nous vous en proposons une lecture approfondie, réalisée après de nombreuses parties et une première prise de température effectuée auprès des joueurs.

Une promesse engageante

Le jeu s'offre à nous avec des règles limpides et une accessibilité à toutes épreuves. C'est ce qui fait sa force première. Car si Living Forest jouit d'une profondeur de jeu remarquable, vous serez probablement ravi de constater qu'il s'adresse également à un assez large spectre de profils de joueurs, enfants et adultes réunis. Avec notamment deux mécaniques centrales parfaitement bien calibrées :

Du stop ou encore. En début de tour, le jeu vous invite à piocher autant que vous voulez. Votre objectif ? Accumuler un maximum de symboles présents sur vos cartes, alimentant la portée des actions qui vous seront accordées lors de la phase suivante. Mais attention, si vous dévoilez 3 créatures solitaires (votre deck de départ en compte 5 sur 14), vous devrez vous arrêter et n'aurez plus le droit qu'à une seule action. La sanction n'est pas fatale mais reste à éviter autant que possible. Fort heureusement ces créatures-là en particulier sont aussi celles qui présentent le plus de symboles, vous permettant le plus souvent de nourrir vos mouvements même quand celles-ci ont la mauvaise idée de sortir regroupées. Il n'y a donc pas nécessairement d'impératif à vouloir pousser sa chance le plus loin possible comme dans d'autres références du genre. Mais si vous aimez l'audace, le jeu vous permet de forcer le destin et de pimenter l'expérience à votre guise. Placez le curseur où vous voulez, c'est ce qui fait ici que la recette peut prendre avec des joueurs aux tempéraments variés.

Du deckbuilding. Une mécanique généralement très appréciée mais rarement proposée dans un contexte familial. On a bien eu la Vallée des marchands ou Clank!, dans leurs styles respectifs, mais Living Forest est probablement plus accueillant encore, plus rassurant, plus instinctif. Le système de recrutement ouvre des perspectives qui parlent immédiatement, on achète et on pose sur le dessus du paquet pour en bénéficier dès le prochain tour, c'est limpide. Tout du moins dans la pratique, car l'expérience et l'enchaînement des parties ont beaucoup à offrir. Car il existe une multitude de détails à prendre en compte en cours de partie, des coûts d'acquisition échelonnés, l'addition éventuelle de créatures solitaires ou au contraire l'existence d'animaux qui nous protègent contre celles-ci. Autant de leviers d'accès vers des stratégies transverses que les plus joueurs sauront apprécier.


Un triptyque de tentations


Avec ses 3 conditions de victoires possibles, Living Forest tord le cou à la récurrente opposition aggro/contrôle.

L'extinction de 12 flammes. Première condition de victoire éventuelle, elle se présente comme la stratégie mordante du jeu. Celle qui fonce droit devant en oubliant la discrétion, car vous devez obligatoirement vous servir au nez et à la barbe de tout le monde. Il faut savoir que chaque recrutement de carte donne naissance à de nouvelles flammes au tour suivant. Des éléments placés au centre de la table à portée de main de ceux qui sont armés pour les récupérer (les symboles eau). Inutile donc d'espérer passer inaperçu, vous indiquez clairement votre intention mais investissez vos mouvements dans ces acquisitions qui n'alimentent absolument pas votre moteur. En ce sens c'est risqué, car on peut rapidement s'y essouffler. Tel un papillon attiré par la lumière vous pourriez vous y brûler les ailes. Mais si on vous laisse faire c'est aussi potentiellement l'option la plus rapide vers la victoire. Et il faut reconnaître que sur une première partie, on peut rapidement se laisser surprendre et entrevoir l'illusion d'une option trop facile. Mais votre relecture du jeu sur les parties suivantes devrait vous guider pour contredire cette éventuelle impression.

La plantation de 12 arbres protecteurs. Vous n'y échapperez pas, ils sont indispensables pour augmenter vos symboles de façon permanente. Vous les disposez sur votre plateau personnel, renforçant la portée de vos actions de manière pérenne, en débloquant quelques précieux bonus au passage par un système de placement de tuiles bien malin. C'est probablement l'investissement le plus sage à réaliser, car ces éléments participent activement à votre montée en puissance, mais c'est aussi par leur intermédiaire que le sprint est le moins effréné. Bien évidemment seul le douzième vous octroiera la victoire et comme vous ne pouvez en planter qu'un par tour il vous faudra forcément prendre des raccourcis (voir paragraphe Un design solide) pour accélérer vos plantations si vous voulez en faire la clé de votre succès.

La réunion de 12 fleurs sacrées. Là aussi vous devrez investir dans des éléments totalement dépourvus d'impact sur le cœur du jeu, au même titre que les flammes, mais cette fois vous le faites à couvert, avec une idée en tête : réussir à mettre la main au moment opportun sur la douzaine d'unités en un seul tour de pioche et surprendre complètement la concurrence. Cela prend des allures de feux d'artifices et peut inciter à avoir la main lourde sur la pioche en fin de parcours, mais c'est aussi potentiellement l'option qui mettra le plus en exergue votre maitrise du deckbuilding.


Un design solide


Vous constaterez dès votre première partie que tout est très étroitement imbriqué, c'en est presque bluffant. Il existe une symbiose des différents éléments du jeu qui peut vous permettre d'évoluer de front sur tous les tableaux le plus longtemps possible. Des chemins de traverses ont été dessinés pour relier entre elles les trois conditions de victoire immédiate. Cela amène fatalement du volume à la réflexion et ouvre des échappatoires. Et ce sont bien souvent vos adversaires qui vous indiqueront, parfois malgré eux, la meilleure des directions. Car le jeu s'équilibre, ou se déséquilibre, au regard des choix de chacun, au gré des souvenirs des parties passées et des événements de la partie en cours. Cette dépendance extérieure pourra avoir tendance à dessiner des brèches vers lesquelles vous engouffrer pour donner le dernier coup de rein nécessaire à l'obtention d'une victoire rarement déterminée d'avance. On vous laisse des flammes en quantité alléchante ? Ne vous laissez pas prier et servez-vous, même si vous ne pensiez pas en faire votre gagne pain. On vous prend un de vos jetons "fleur" ? Récupérez en retour un jeton "arbre" et prenez la tangente pour coiffer vos adversaires au poteau.

Car oui, et c'est très important, chaque joueur démarre avec une unité de chaque (flamme/arbre/fleur) représentée sur des jetons dont la propriété ne vous est pas assurée ad vitam eternam. Et c'est là où il convient de prendre en compte un élément particulièrement décisif : le cercle des esprits. Vous pourrez y progresser, par l'intermédiaire d'un symbole annexe. Mais il ne s'agit pas là d'une quatrième voie possible vers la victoire. Non, ici vous comprendrez rapidement que vous êtes face à un impératif, celui d'évoluer sur cette piste afin de subtiliser des unités à vos adversaires dès que vous les y dépasserez. Car si vous ordonnez bien vos mouvements, vous effectuerez la manœuvre tout en passant par des cases associées à des actions bonus et ne perdrez donc aucun élan. On rappelle que vous êtes engagé dans une course, et que tout gain effectué sans perte de tempo est forcément primordial. Mais ce fameux cercle vous invite aussi à ne pas trop vous spécialiser, à maîtriser l'ordre des tours, ce qui amène son lot d'effets positifs sur votre expérience de jeu : Un rééquilibre des stratégies en cours de partie et un regain d'interaction avec vos adversaires. C'est en quelque sorte la crème qui sert de liant à l'ensemble des mécaniques du jeu, la plaque tournante qui assure le bon fonctionnement global. Et c'est aussi là que vous parviendrez à revoir vos certitudes initiales. Vous pourrez par son intermédiaire doubler vos actions sur un même tour, chose que je le jeu vous interdit de prime abord. De quoi planter deux fois plus d'arbres ou effectuer des phases de recrutement intensifiées pour dynamiser votre deck. C'est redoutable ! Rajoutons à cela que l'idée même d'accorder, de base, deux actions par tour n'est pas anodine, elle vous offre la possibilité permanente d'en dépenser une dans le prolongement de vos efforts en cours et de garder la seconde pour mettre des bâtons dans les roues de vos adversaires. C'est aussi ce qui explique la solidité de l'expérience globale, et qui s'ajoute à une liste de qualités brutes.

Car si on fait un pas de côté dans notre tentative de réponses aux questionnements éventuels, il conviendra de conclure sur le fait que Living Forest a encore bien d'autres atouts dans sa manche : Des parties ramassées sur 40-50 minutes, des phases de jeu en simultané, un univers onirique soigné, une zone de jeu collaborative offrant une interaction douce et amère à la fois... et un prix fixé bien en dessous des tendances actuelles. Il a tout pour laisser une trace, toucher un nouveau public tout en s'adressant également au joueur déjà passionné. Souhaitons-lui un succès à la hauteur des perspectives qu'il semble représenter.


Une playlist pour accompagner vos parties.

Quand le terrain s'y prête, nous essayons de ponctuer ce format d'une proposition musicale pour mettre de côté l'analyse cartésienne effectuée ensemble et vous inviter à vous plonger dans votre prochaine partie tout en vous accompagnant encore un petit peu. Venez rencontrer les esprits de la forêt, braver les flammes d'Onibi et sauver l'Arbre sacré avec ces quelques minutes pensées pour donner un peu plus de vie encore à l'univers singulier de Living Forest. Bonne écoute et surtout bonne partie !



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