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Faut-il craquer pour "Mon P'tit Everdell" ? Comparaison avec son aîné.

Dernière mise à jour : 17 oct. 2023



Retour en arrière : en 2021, Everdell arrivait dans nos boutiques française. Très attendu à l’époque, ce fut pour moi, comme pour beaucoup, l’entrée dans une catégorie de jeux où le matériel joue tout autant que le gameplay dans l’expérience ludique : un immense arbre à construire pour y poser ses meeples et des cartes objectifs, un grand plateau pour y placer ressources et marché, jetons en différentes textures pour l’immersion. Notamment les baies qui ressemblent tellement à des bonbons que l’on a envie de les manger ! Et derrière ceci, on y trouve un réel intérêt ludique. Aurélien vous avait déjà parlé d’Everdell d’ailleurs lors d’un précédent article à lire ICI. Voici donc qu’en 2023, Matagot annonce la sortie de « Mon p’tit Everdell », sensé rendre l’univers accessible aux plus jeunes. C’est donc avec une hype certaine que je me demandais comment l’essence du jeu serait conservée, tout en le rendant abordable et intéressant pour le joueur adulte. Les premiers retours des boutiques font état d’une déconnection possible entre l’âge indiqué (6 ans) et l’âge auquel il sera réellement jouable.

Avec mon béta testeur favori, Arthur, 8 ans, nous allons essayer de comparer les deux boîtes, et d’apporter des éléments de réponse.


Contenu et gameplay :


Mon p’tit Everdell se présente donc comme une version simplifiée de son aîné, rapidement qualifiée de « mon premier jeu de pose d’ouvriers ». Dans la boîte, on retrouve :

  • Un plateau de jeu pour les emplacements des ressources

  • 3 ressources différentes : brindilles, baies et résines

  • 4 dés pour rendre aléatoires les ressources des emplacements plus généreux

  • Des cartes représentants des créatures ou des constructions, chacune de 5 « couleurs » différentes

Dans la catégorie « choupinesse », Everdell était déjà très bon. Nous sommes forcés de constater que l'illustrateur Andrew Bosley s'est mis au niveau de la cible visée. Les créatures sont mignonnes au possible. Les couleurs saturées sur les cartes marquent une différence nette avec l'original et indiquent rapidement que nous sommes sur un jeu enfant.




Au niveau du gameplay, lors de chaque tour de jeu, nous devrons collecter des ressources en plaçant l’un de nos trois meeples sur un emplacement ou une carte adéquate. Puis payer le coût pour jouer une carte de la prairie et résoudre son effet si existant. C’est simple et efficace. Les tours s’enchaînent de manière très fluide. Comme les cartes sont achetées directement sur un marché commun, tout est visible à tous les joueurs, et il n’y a donc pas de surprises quant aux stratégies employées. Cela donne aussi l'opportunité d'expliquer les effets si jamais il y avait un doute.

La partie dure ainsi 4 manches et au début de chacune, les cartes vertes sont activées, permettant de récolter ainsi des ressources supplémentaires. L’iconographie étant simple et exemplaire, on ne se pose pas 36 questions au moment de jouer une carte ou d’en activer son effet. De plus, même si il y a un peu de texte sur certaines, il est restreint et un enfant aura bien vite fait de le mémoriser pour ne plus jamais avoir de doutes.

Le rôle et les effets des cartes sont similaires au jeu original :

  • Les vertes s’activent au moment de l’achat puis à nouveau début de chaque manche

  • Les rouges proposent de nouveaux emplacement de production de ressource

  • Les marrons donnent un gain, en ressources ou en points de victoire, lors de l’achat uniquement

  • Les bleus donnent des ressources, des points ou un rabais sur le coût à chaque fois que vous achetez un certain type de carte

  • Les violettes donnent des points de victoires en fin de partie en fonction de certaines conditions

A cela s’ajoutent les 4 types de parades, objectifs communs sous forme de course pour obtenir des points de victoire supplémentaires, selon que vous réussissiez à collecter 5 créatures, ou 5 constructions, ou bien encore un certain nombre de cartes d’une seule couleur, etc… Avec ceci vous savez à peu près tout sur Mon p’tit Everdell.


Ce qui va changer par rapport à la version « pour les grands » :

  • Adieu l’arbre géant

  • 3 types de ressources au lieu de 4, globalement moins difficiles à obtenir

  • Vous n’avez plus de cartes en mains

  • Il n’y a plus de chaînage pour poser des cartes gratuitement

  • Des règles proposant soit de démarrer avec des ressources ou deux cartes de production vertes au départ de la partie.


J’ai trouvé ça vraiment excellent de proposer des variantes pour simplifier le démarrage pour les plus jeunes. Avoir des ressources d’entrée de jeu permet au petit joueur d’être quasi certain d’acheter une carte dès le premier tour, ce qui facilitera son immersion et son intérêt pour la partie.

Dans l’autre cas, avoir deux cartes de productions dès le début sera un atout très puissant lors de chaque manche. Clairement, c’était trop d’aide pour mon loulou qui m’a littéralement atomisé dans cette configuration. La partie était beaucoup plus équilibrée avec uniquement des ressources en plus. Et j’ai finalement réussi à gagner lors de notre partie en démarrant à égalité. Notez qu’à chaque fois, j’étais le second joueur.

En tant qu'adulte, on pourra regretter que les choix d'action à faire sont souvent évidents. Mais n'oublions pas que la cible reste les jeunes joueurs, que c'est alors un terrain idéal pour développer leur logique et leur compréhension. Mon P'tit Everdell reste quand même un moment très agréable tant ludiquement que visuellement.

La comparaison directe avec Everdell


Pour pousser l’exercice un peu plus loin, nous avons sorti et essayé Everdell pour la première fois avec Arthur. Celui-ci n’est pas à son premier jeu de pose d’ouvriers ou « pour les grands ». A son tableau de chasse figurent entre autres : « Almanach », « Little Town » pour la pose d’ouvriers, « Meadow », « 7 Wonders » pour le chaînage, « Les Pionniers », « Wingspan », « Rauha » pour le côté programmation à plus longue échéance.

Sa première réaction à la vue du jeu mis en place fut un « Waaaaou » d’émerveillement. J’avais eu la même lors de ma première partie, encore relativement jeune ludiste à l’époque. L'arbre sur la table apporte une présence verticale qui se démarque des jeux de plateau traditionnels.

Son passé de joueur me permet de lui expliquer rapidement les règles en utilisant les jeux qu’il connaît en comparaison. Ainsi, tout à l’air de se connecter très rapidement. Le seul ajustement que je fais pour l’aider sera de lui donner 1 ressource de chaque sorte dès le début de la partie pour qu’il puisse démarrer plus rapidement.


Et ça n’a pas raté. Fort de son avantage, il a remporté aisément cette première partie ensemble. Peut-être est-ce dû à son expérience globale de joueur ou au fait que l’on avait joué à MPE juste avant, mais Arthur a été d’une logique et d’une efficacité rare dans sa gestion des ressources et sa planification.

Les effets de chaînages ont amené une dimension supplémentaire dans sa programmation d’action, tandis qu’avoir ses propres cartes en main permet également d’avancer un peu plus sereinement et secrètement à la fois.


Everdell (le grand) a pourtant son lot de règles qui peuvent être désarçonnantes. Comme les nouvelles saisons qui démarrent en décalage avec son adversaire, selon les actions que l’on souhaite réaliser ou pas. Le déblocage progressif des ouvriers et par conséquent, du nombre de possibilités lors de chaque manche. Ou encore cette limite de 15 cartes dans notre tableau final. Contrainte qui nous oblige à considérer chaque carte jouée avec attention.


Vient enfin le verdict sans appel de mon béta testeur de 8 ans : Il a largement préféré son expérience avec Everdell. Pour autant, ce n’est pas qu’il n’a pas aimé son petit frère et il n’en refuserait pas une partie. Mon p’tit Everdell n’a simplement pas suscité la même excitation. Il y a vraisemblablement une part de fierté dans le fait de pouvoir jouer avec ses parents à un jeu « de grand ». Mais c’est aussi que son expérience actuelle fait que les difficultés supplémentaires ne créent finalement pas une si grande différence. De quoi me faire regretter d'avoir tant attendu. Et c'est pourtant cette attente qui a peut être fait le succès de l'expérience.

Alors à qui s’adresse Mon P’tit Everdell ?

MPE est un très bon jeu et a des qualités qui lui sont propres : une direction artistique attrayante, une durée contenue, des règles claires et un jeu rapide et fluide.

Pour un joueur ou une joueuse entre 6 et 10 ans qui découvre le monde ludique, l'effet "Waaaou" sera là, et il me semble même une excellente porte d’entrée pour toutes les points cités plus haut. 6 ans paraît en effet très jeune. Néanmoins, il y a peu de texte et, bien accompagné, cela ne sera pas limitant pour un enfant vu que toutes les cartes sont visibles de tous. Il sera aussi parfait pour les petits ludistes qui ont du mal à rester concentrer au-delà de 30 minutes.

En revanche, si vous baignez votre progéniture en permanence dans votre immense ludothèque, que vous avez essayé de l’initier à Terraforming Mars dès ses 6 ans (avec succès pour certains si l’on en croit les réseaux sociaux !), Everdell (le grand) est sans doute déjà accessible dès 8 ans. Une fois la lecture acquise, pour peu que le terrain ait été bien préparé en amont.

De manière analogue, si le jeu n'est pas inintéressant pour un public adulte, il manquera certainement de profondeur et de rejouabilité pour être sorti uniquement dans cette configuration.

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