Bercé par les souvenirs d’enfance où je badais devant les épisodes de ce fabuleux dessin animé de Hayao Miyazaki, j’attendais avec impatience la sortie des Animaux de Baker Street. L’éditeur Iello l’ayant teasé sur Twitch dès le mois de septembre, cette boîte s’est fait attendre ! Verdict ?
L’année des jeux dit d’enquêtes pour les enfants
2022 aura été une année prolifique pour les détectives en culottes courtes. Rendez-vous compte : Les 3 épisodes de DetecTeam Family, Unlock Kids 2, l’extension de Détective Charlie... Ainsi qu’en cette fin d’année, Flashback et donc les Animaux de Baker Street. J’y rajouterais aussi Kids Chronicles, sorti en décembre 2021, et il y a là une tendance nette qui se dégage : Les enfants en ont assez de voir leurs parents jouer à Unlock sans eux, ils sont aussi capables de résoudre des mystères par eux-même !
Enfin par eux-même, c’est là une occasion de les accompagner dans leurs premiers pas d’enquêteurs. C’est donc empreint de nostalgie que l’on a découvert cette jolie boîte. Les illustrations sont trop chouettes, et nous replonge (les parents hein !) dans le monde de Sherlock Holmes des années 80-90 (pas celui de Benedict Cumberbatch, excellent au passage !). Mais de Sherlock, vous ne verrez que la casquette. Qu’il vous faudra retrouver d’ailleurs.
Car ici, vous aurez la lourde charge d’aider le célèbre détective qui pédale sévèrement dans la choucroute et d’enquêter parmi les animaux, comme le nom du jeu l’indique. Toby, le chien fidèle de Sherlock Holmes a des connaissances un peu étranges : Limon, une grenouille bavarde, Sorbier, un oiseau rapide, Calebasse, une tarentule grognonne et bagarreuse et Acajou, une souris timide mais observatrice. Ce petit groupe éclectique va progresser ensemble dans Baker Street et la rue d’en face au fil des 7 enquêtes de la boîte : interroger les habitants, fouiller des lieux pour trouver des indices, recouper les informations afin de faire éclater la vérité... On s’y croirait.
Une narration extraordinaire
Le travail d’écriture de Clémentine Beauvais et Dave Neal est incroyable : chaque enquête démarre par un texte d’introduction qui nous met dans l’ambiance. Présentation des protagonistes de l’histoire, mots en gras pour aiguiller nos chères têtes blondes dans la bonne direction. On démarre ensuite avec le paquet de cartes spécifiques à l’enquête. On prépare les lieux que l’on pourra visiter, on garde de côté celles qui sont numérotées et on démarre tambours battants.
Chaque habitant du quartier, du parc voire des égouts possède sa propre personnalité et la manière d’interagir avec sera différente. A vous de voir si il vaut mieux envoyer Limon pour parlementer ou bien si il vous faut secouer un peu le témoin avec les huit pattes de Calebasse. Et cela pourra changer au gré des enquêtes ! Ces changements et interactions sont réellement délicieux.
On prend un plaisir énorme à faire vivre ces personnages hauts en couleur : Calebasse pourra avoir une voix bien grave quand Acajou sera timide voire bégayante d’hésitation. C’est une expérience narrative assez unique pour nous dans ce type de jeu.
Lors de la résolution, vous serez invité à lire le petit texte de fin qui conclut alors l’enquête, résumant la situation et faisant le lien entre Sherlock, Toby et les animaux que vous gérez. Là encore, les textes sont emplis d’humour, toujours subtil et/ou cocasse sans jamais tomber dans le kikoulol.
Une mécanique vraiment efficace.
Je l’ai écrit, lors de la visite d’un lieu, vous pourrez interagir avec les personnages présents sur place. On choisit qui va effectuer l’action pour vous. On connecte alors une carte (soit de vos enquêteurs, soit d’une information ou d’un objet précédemment trouvé) avec celle du lieu. Une fois bord à bord, on découvre si on a trouvé un nouvel indice dans le cas où une loupe se forme avec un numéro inscrit à l’intérieur. Mais attention : des loupes peuvent aussi indiquer que vous perdez du temps ou bien que vous avez énervé votre interlocuteur qui vous jette dehors à coup de griffe.
Les enquêtes ont une limite de temps, représentée par un nombre d’horloge à votre disposition en début de partie. Chaque visite dans un lieu vous fera en dépenser une. Il faudra discuter du bien fondé d’un interrogatoire ou d’une intervention musclée de Calebasse avant de l’exécuter au risque de perdre du temps pour rien.
Cette interaction entre les joueurs est particulièrement intéressante et j’ai pris du plaisir à laisser mon fils développer ses idées et ses pensées, sans trop l’orienter dans ses choix. Car c’est un vrai risque. Si la difficulté est bien calibrée pour être joué dès 9-10 ans, l’histoire est tellement prenante que l’adulte peut aussi se laisser emporter et être tenté d’avancer par lui même. Du calme, c’est à Noël que les cadeaux s’emballent !
Si le jeu peut évidemment se jouer seul, on appréciera donc surtout la possibilité de vivre une enquête en famille, au coin du feu ou presque.
C’est du tout tout bon !
A l’heure du verdict, les voyants sont tous au vert chez nous ! Au point qu’il figure sans doute dans le top 3 de mes découvertes ludiques en 2022. Etant particulièrement inefficace généralement dans les jeux d’enquête, je suis sans doute biaisé par le fait d’enfin réussir à en résoudre sans regarder les solutions quand je suis bloqué ! Mais c’est vraiment l’écriture et l’univers créés autour de ces animaux qui rend l’expérience de jeu tellement emballante et satisfaisante. Fans de Sherlock ou non, foncez sur les animaux de Baker Street. C’est l’assurance de passer de bons moments en famille au coin du feu ou autour d’une tasse de thé.
jujuOB
Merci beaucoup pour cet article !